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BIO

        Maquilleuse en audiovisuel et spectacle à Paris dès mes 20 ans puis créatrice de bijoux en argent au Mexique ; j'ai gardé de ces activités une dextérité entretenue, un certain goût pour le travail bien fait et le sens du détail tout en recherchant la spontanéité de la création et la liberté du geste.

      Dans les années 80 j'ai peint tout ce que je pouvais : des corps (Body-art), des murs et plafonds (Home-art), en m’échappant dans la nature (Land art). J'ai aussi exploré la sculpture : bronze, argent, terre, céramique et matériaux divers comme le fil de fer après m’être essayée à la peinture sans grand attrait.  Mon truc c'est plutôt le volume ou l’intervention sur : un objet, une photo, une peluche, un jouet…

         Au Mexique de 1991 à 2005, je fais plusieurs séjours dans les villages artisans indigènes et j'apprends à y travailler la terre, les perles de rocaille, le bois taillé à la machette...Je découvre le travail du bronze et de l’argent, tout en ayant gravé au passage chez le Maitre Afredo Zalce.

         A Guadalajara- Jalisco, en autodidacte, je monte un atelier de bijoux en argent, selon la méthode traditionnelle de la cire perdue. Ma première table de bijoutier : deux cartons surmontés d’une planche de bois ! Je ne savais rien de la bijouterie, mais je vends rapidement ma collection dans les meilleures boutiques de stations balnéaires comme Puerto-Vallarta et je participe à de nombreux salons dirigés vers l’export. 

         Entre 2003 et 2005 je monte une association d'artistes et lance à Guadalajara (Jalisco-Mexique) le mouvement Puertas Abiertas al Arte appuyé sur un festival annuel inspiré des Portes ouvertes d’ateliers d’artistes, pour donner leur chance aux artistes émergents. J'y découvre l’art textile à travers le travail de Monica Leyva, artiste plasticienne mexicaine diplômée d’une école d’art textile à Londres. Coup de foudre !

         Créant quelques costumes pour le spectacle (enfants et performances), frustrée par les limites du corporellement durable, acceptable, possible etc. Je m'essaye alors aux tentures textiles exposées pour la première fois en 2005 à la Galerie Chucho Reyes (Guadalajara – Mex). Elles nous parlent de la femme, des saisons, de rythmes de vie et de mort.

        Chaque thématique m’emmène à une technique et vice et versa

Après la couture et la femme, ce sera la broderie pour des fœtus, un univers féminin, encore…. Ils représentent des humeurs ou des manières distinctes d'aborder la vie.

        Puis c’est le crochet pour des masques, réminiscence de mon travail de maquilleuse et inspirés de la culture populaire, la culture latine et bien sûr de la culture africaine.

         Pour rechercher une familiarité immédiate avec le spectateur, j’emploie régulièrement des peluches comme matière première. Elles me permettent dans un premier temps d'aborder l'enfance et ses blessures. Débarrassée de ces souvenirs encombrants ce furent, plus tard, des petits moments de poésie dans une légèreté assumée. Puis des jeux érotiques tout aussi assumés, tendres, drôles et poétiques.

        Par période, mes promenades dans la nature m'invitent à un travail photographique : avec des installations de petits papiers début 90 et bien plus récemment des installations de peluches ou de ballons dans les paysages.

Ce travail photographique se poursuit actuellement par des recherches en studio de broderie sur végétaux : feuilles et fleurs.

        Avec la découverte du tricot numérique en 2019, associé à la broderie, j’ai commencé à produire  une galerie de portrait et quelques photos de paysages en cherchant chaque fois à expérimenter quelque chose de différent sans omettre la problématique de l’encadrement.

Récemment j'utilise aussi  des matériaux issus de l'alimentation comme la pâte à pizza ou la pâte feuilletée modelée. La pomme de terre (suite à des expérimentations dans les années 80) et autres légumes germés puis déshydratés deviennent des sculptures associés à des éléments textiles ce qui initie une coopération avec l’artiste Lucy Morrow et ses porcelaines.


        Parallèlement à mon activité d'artiste plasticienne j'ai monté fin 2010, un collectif d'artistes qui travaillent de manière privilégiée avec le fil ou ses techniques.
Fiber Art Fever! expose régulièrement aux 4 coins de la France et à l'étranger
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        Haute comme trois pommes, j'allais aux beaux-arts de Quimper le jeudi après midi. 

La peinture, bien que je l'ai pratiquée, n'a jamais été mon truc. 

Mon truc, c'est le volume.

        D'abord, c'est la terre qui m'attire, puis j'essaye la pierre, le bois, le métal… 

        Des peintures sur corps ont fait l'objet de mes premières expositions puis des sculptures légères en fil de métal.

        Le travail du textile, découvert en 2005, m'ouvre des horizons créatifs multiples et illimités. 

        Le textile me permet tout.

        Poésie, profondeur et légèreté, douceur et cruauté, les mots sont lâchés : ils caractérisent mon travail. Puis vient l'humour, non seulement comme un point de vue mais aussi comme une distance avec moi même et mes sujets de préoccupation :


- La femme, le corps, la recherche de l'identité féminine.

Avoir eu 20 ans en plein essor de MLF sous les slogans : « Notre corps nous-mêmes ». cela a certainement  provoqué cette interrogation : la femme c'est quoi ?

 

- Le passage du temps, le cycle des saisons, les étapes de la vie, la vie, la mort.

Ce sont des thèmes universels : qu'est ce qui touche tous les êtres humains ? Qu'est ce qui nous est commun et qu'est ce qui régit notre vie et la nature ?

 

- Les émotions humaines, la souffrance, l’amour, la joie, la mort inévitable, l’amour ou le dégoût pour la vie: c’est finalement ce qui régit notre vie à tous. Ces émotions s’exhibent dans mon travail à travers les peluches et les masques, ainsi que dans la série des fœtus.

         Mes créations laissent beaucoup de place à l'improvisation, la plupart du temps sans idée préconçue, laissant la forme venir d’elle-même.


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LES PELUCHES

J’utilise des peluches usagées comme matière première pour une partie de mon travail. Celles -çi ont l’avantage de provoquer une empathie immédiate chez le spectateur ainsi qu’un sentiment de tendresse.

Chacun-e d’entre nous a  ses propres souvenirs avec ces amies intimes qu’elles ont été dans notre enfance. Dépositaire de nos secrets les plus intimes la peluche devient une enveloppe dans laquelle nous déposons notre propre histoire.

La peluche, c’est de la pure poésie a elle toute seule


Les peluches érotiques

        L’érotisme est une thématique qui m’a toujours « titillée » et j’avais d’ailleurs participé au salon de l’érotisme comme artiste invités porte de Versailles dans les années 80 avec du bodypainting.

        Les peluches permettent d’aborder les jeux érotiques avec humour, tendresse et poésie. Celles çi ont déjà été présentées aux Etats-Unis : à Seattle et à Los Angeles puis en Suède dans diverses manifestations d’art érotique.


LES PELUCHES.. UN PEU PLUS

        Je travaille régulièrement avec des peluches depuis plusieurs années, elles sont toujours « d’occasion », ont déjà eu une vie et sont empreintes de ce qu’y a déposé leur ancien propriétaire. C’est un souvenir de l’enfance, une représentation impersonnelle de l’humain puisqu’ils n’en ont pas le visage et pourtant c’est un objet subjectif et bien personnel que nous avons tous eu entre les mains. Il nous rattache à la mère, au câlin, à la tendresse, aux confidences que nous lui avons faites, au secret déposé. C’est donc bien un objet de mémoire intime propre à la plupart des humains (en occident tout au moins). Chacun en a des souvenirs bien particuliers. Il est à la fois impersonnel (objet manufacturé en série) et personnel (émotions).

          Le nounours a souvent été trituré, malmené, voir évidé. C’est notre oreiller pour nos pleurs, la boite aux secrets que nous y avons déposés, le souffre-douleur de nos frustrations et de nos colères, l’objet de notre trop plein d’amour ou de son manque.

          En le vidant de son contenu et en le présentant vide comme une enveloppe (« Enveloppe charnelle », « L’éclaté »), je permets à chacun d’y déposer son propre contenu, ses propres souvenirs.

          Le nounours est objectivement vide et subjectivement plein

          Dans la série « Les blessés », éclatées, éventrées, décapitées, les peluches exhibent leur souffrances malgré les tentatives de réparation et expriment la complexité des sentiments. Les souffrances internes enfouies y sont exposées au regard de tous. Elles restent pleines de tendresse et n’inspirent pas pitié, plutôt de la compassion qu’elles permettent d’exprimer.

            Ces nounours éclatés, blessés, décapités ! Un humour noir plein de compassion sur les blessures passées. 

          La peluche permet aussi d’exprimer son coté enfant sans complexes (à moi et aux autres) et de laisser surgir les émotions liées à cette enfance et au passé de manière presqu’intuitive puisqu'elle fait appel immédiatement à des souvenirs personnels 

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LES MASQUES

          Par essence le masque cache le visage du porteur au regard de l’autre, mais il exhibe aussi une autre partie de sa personnalité ou de la culture du groupe auquel il appartient. En fait il montre tout ce qu’il veut cacher.

          En se protégeant derrière, l’homme se désinhibe et peut ainsi exprimer et montrer ce que sa pudeur l’empêche généralement d’exprimer: des aspects de sa personnalité, son humeur, celui qu’il voudrait être ou ne pas être.

          Il est le moment public où je peux m’exhiber, en me cachant il me permet de me montrer en toute liberté.

          Le masque fait partie de l’imaginaire et de la culture commune à toutes les civilisations, il donne à son porteur un coté sacré, exceptionnel, une importance qu’il n’a pas forcément dans sa vie quotidienne. Le cachant il le personnalise et le dépersonnalise à la fois.

          Le masque appartient alors au collectif, il lui offre un visage sur lequel il peut projeter et décharger ses propres sentiments ou ses émotions.


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LES TRICOTS-PORTRAITS

        Obélix était tombé dans la potion magique étant petit, moi c’est dans la peinture et je l’ai mangé goulûment. Le mercure qu’elle contenait m’a rendu gravement malade et ce sont mes grands-parents qui m’ont élevés, ma propre mère enceinte, ne supportant pas mes cris.

        J’ai donc vécu en partie chez eux, entourées des portraits de famille

        Intriguée par leurs regards j’ai toujours été fascinée par les portraits. Les traits du visage laissent transparaître l’histoire et la personnalité de leurs propriétaires. Ils provoquent chez moi une grande curiosité et développent mon imaginaire.

        Plus tard je suis devenue maquilleuse pour le spectacle et l’audiovisuel.

        Ces portraits en tricot numérique ont tous en point de départ des photos de masques africains retravaillés sur l’ordinateur. Un pixel devient une maille. Ils sont ensuite fabriqués par une machine à tricoter informatisée des années 80 qui a été « hackée ». C’est à dire qu’on s’introduit dans la machine pour lui envoyer nos propres dessins à la place de ses motifs pré-enregistrés. Ceci permet de répéter chaque image, tout en changeant quelques détails ou l’assemblage de couleurs.

        Pour certains ils sont ensuite rebrodés et deviennent alors des pièces uniques.

        Les séries de 10 pièces peuvent répéter exactement le même motif avec les mêmes couleurs, ou subir de légers détails ou encore être composés de couleurs chaque fois différentes.

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LES POMMES DE TERRE

Je fais des sculptures avec des pommes de terre germées depuis les années 80

Celles-ci sont mises à germer en alternant mise à l’ombre et exposition à la lumière afin d’en faire des sculptures. La pomme de terre, complètement sèche, débarrassée de toute matière, peut alors avoir une très longue vie. 

Pour souligner sa fragilité et en même temps signifier qu’il s’agit vraiment d’une sculpture, la pomme de terre est posée sur un socle : un coussinet de laine qui évoque la mousse.

Un dialogue se crée alors entre les contrastes de matières. 

D’un côté la pomme de terre complètement rabougrie, comme une vielle écorce,  symbole de mort, de l’autre la douceur et la sensation d’humidité évoquée par la laine couleur de mousse, nature pleine de vie.


L’aridité, la vieillesse, la couleur de pierre et la mort contraste avec le souple, le doux, le duveteux, le vert, la vie


Une observation tendre et poétique du temps qui passe

 

Selon Agnés Varda : « La pomme de terre est le symbole d’une vie qui se renouvelle sans cesse »

Içi au contraire j’en termine avec la vie des pommes de terre

Il s’agit de quitter toute vie, toute chair et toute matière en elle. La patate devient alors imputrescible et éternelle ou presque. 

Dure comme de la pierre. Seuls les germes gardent une certaine fragilité à l’endroit précis où elles sont attachées à celles qui les a fait naître.

 

Un art éphémère et évolutif

Certaines pommes de terre ne sont/seront pas forcément arrivés à « maturation » et continue à évoluer c’est aussi leur intérêt



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